• Les Fleurs de l'ombre, de Steve Mosby

    les fleurs de l'ombre steve mosby

    Les choses ne se passent jamais ainsi.


    Si l’inspecteur Michael Sullivan a appris quelque chose au cours de ses douze années passées dans les forces de police, c’est bien que les petites filles ne se contentent pas de réapparaître comme par enchantement. Il le sait par expérience, ce n’est pas ainsi que fonctionne le monde. Tout ce qu’il a pu voir par le passé et tout ce qu’il continue à voir dans le présent lui prouvent le contraire : la lente désintégration de tout ce qui est juste et bon.


    Ainsi commence La Fleur de l'Ombre  -ou Les Fleurs de l'ombre ? -, roman obsédant écrit en 1991, et qui peu à peu, envahit la vie des personnages, à tel point qu'il est difficile de discerner la fiction de la réalité, où l'on ne sait plus qui s'inspire de quoi : le psychopathe du roman ou l'écrivain du tueur  malade ? ou autre chose est-il en jeu ?



    J’avais gardé un très bon souvenir d’Un sur deux de Steve Mosby, et j’ai peu hésité lorsque j’ai vu en rayon Les Fleurs de l’ombre… 

     

    Livre(s) dans le livre –où le roman de Mosby commence-t’il vraiment ? où s’arrête celui du romancier imaginaire ?-, mise en abyme perpétuelle et qu’on dirait sans fin, Les Fleurs de l’ombre est un roman noir, très noir, sans sucre ni lait, qui laisse un goût amer en bouche.

     

    Dans ce roman plus que réussi, l’auteur piège le lecteur dans un puzzle aux pièces innombrables, dont on ne discerne pas toujours les contours, mais sans jamais le lasser, bien au contraire ! Reconstituer l’image complète va nous prendre du temps, jusqu’à l’épilogue, pour terminer sur un dénouement non pas machiavélique mais bien sombre, si sombre que l’on sent flotter dans les ultimes pages tous les fantômes du –pardon ! – des livres.

     

    L’auteur américain a su écrire dans des styles différents selon l’auteur  -Steve Mosby ? un autre ?-, de façon assez perturbante –difficile de discerner la vérité-, mais toujours convaincante. A travers ce thriller, a-t’il voulu nous faire part d’une réflexion sur les écrivains et leur œuvre, leurs personnages ? Relation ambigue qu’ils entretiennent, ceux-là, en effet… Quand on croit avoir atteint le paroxysme de cet inceste (sans spoiler, je dirai juste pour ceux qui l’ont lu, la découverte d’une certaine pièce), on réalise qu’on ne fait que tomber de Charybde en Scylla, et le lien qui unit tout créateur avec son œuvre nous semble monstrueux…

     

    Oui, mais… Il est difficile de décrocher de ce roman, difficile de s’arrêter à la fin d’un chapitre ou au milieu d’une page, comme conduit  à la fois par une fascination malsaine, une curiosité irrépressible et un besoin maladif d’être finalement rassuré. Je l’ai lu avec le cœur serré, les lèvres pincées, à la limite quelquefois du malaise, tant l’univers du tueur est dur, dur à lire et à imaginer… Et on n’a aucun mal à le faire, cela, car Mosby, poètiquement, trempe sans équivoque sa plume dans le morbide non pas sensationnel mais évocateur et sublime à la fois (en écrivant ces mots, je me fais l’effet d’un monstre et me sens mal).

     

    Je sirotai mon vin puis ramassai les pages, les alignai en les tapotant sur mon bureau et entrepris de les relire.

    Plutôt bizarre.

    Et plutôt dur, aussi.

    Mais les histoires peuvent se le permettre, tant qu’elles sont honnêtes.

     

    En sus de cette intrigue et de cette ambiance, Les Fleurs de l’ombre porte des personnages complexes, dont on est curieux, auxquels il n’est pas si facile que ça de s’attacher, mais qui nous font passer par des tonnes d’émotions et d’opinions… tout est vraisemblable, et en même temps, tout nous semble extraordinaire, à la limite du surnaturel. J’ai vu un film ce soir où l’on dit des psychopathes : « ils vivent dans un monde parallèle, où il est possible de voler », c’est exact ici.

     

    Bref : un roman coup de poing, coup de cœur… coup de poing au cœur !!

     

    Le petit plus : Le prix réduit de la version numérique, merci aux éditions Sonatine, chez qui on trouve doublement des trésors !

     

    Les indispensables : 354 pages, éd. Sonatine, janv 2012 (20 € / 14,99 € ebook)

     

     

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